Six personnes étaient en garde à vue jeudi à Paris tandis que deux autres, dont un fonctionnaire européen de nationalité hollandaise, ont été écrouées à Bruxelles. "Les incriminations retenues à ce stade sont corruption de fonctionnaire international, violation du secret professionnel et association de malfaiteurs", selon le parquet de Bruxelles. Le fonctionnaire européen est "fortement soupçonné d'avoir transmis des informations confidentielles à haute valeur économique et stratégique" à d'importants groupes céréaliers en France et aux Pays-Bas, selon le parquet. "En fait, il s'agissait de connaître les prix plus vite que les autres", a expliqué lors d'un point de presse le porte-parole du parquet, Jos Colpin. Ce fonctionnaire occupait un rang intermédiaire au sein de la Direction générale de l'agriculture depuis "assez longtemps", a indiqué jeudi de son côté la Commission européenne. Le fonctionnaire impliqué ferait partie avec une vingtaine d'autres des personnes comité de gestion, qui fixe tous les jeudi à huis clos le prix des céréales européennes vendues à l'exportation selon une procédure d'adjudications. Connaissant les fluctuations des cours avant tout le monde, l'homme aurait permis à des acheteurs, grossistes en céréales, en France et aux Pays-Bas, de réaliser de bonnes affaires, quelques heures avant les changements effectifs de prix. "L'admnistration centrale de la Commission avait reçu en 2001 une demande de levée de l'immunité de ce fonctionnaire, mais elle n'avait pas le droit de prendre des mesures pour ne pas nuire à la confidentialité de l'enquête", a expliqué un porte-parole de la Commission. Un autre fonctionnaire de la même direction générale, qui n'est pas pour l'instant mis en cause par la justice, a également été muté mercredi "de manière préventive". Aucun commissaire n'était au courant de l'enquête jusqu'à mercredi matin, a précisé ce porte-parole, en soulignant que "l'affaire est encore très nébuleuse à ce stade". Les perquisitions de mercredi ont mobilisé plus d'une centaine d'enquêteurs et ont eu lieu à la direction générale de l'agriculture à Bruxelles et au siège de deux groupes céréaliers à Paris et Rotterdam, dont les noms n'ont pas été révélés. "Le préjudice pourrait s'avérer important", a indiqué jeudi le parquet de Bruxelles, selon qui l'enquête, qui a débuté par une dénonciation de l'Office européen de lutte contre la fraude (OLAF), introduite en 2001 auprès du parquet de la capitale belge, est loin d'être achevée. Le juge d'instruction bruxellois Jean-Claude Van Espen, qui dirige le versant belge de l'enquête, est actuellement à Paris dans le cadre de cette affaire, a précisé M. Colpin. |